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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 13:45
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Je termine, seul dans une grande chambre d'hotel banale, un sejour de 4 jours en Coree.
Sejour etrange, j'assistais a un congres, dans ce pays qui n'est pas le mien. Et pourtant...

Je connais mes collegues, leurs femmes, leurs enfants, leurs habitudes, leur secrets parfois, je connais leurs problemes et leurs espoirs, leurs amis et aussi les amis de leurs amis, leur lieux de villegiature l'ete et l'anniversaire de leurs grand-parents, leurs equipes de baseball preferees
Je connais l'entreprise avec laquelle je travaille, les gardiens de l'immeuble, du parking, les restaurants autour du building, les secretaires et les stagiaires, je connais le cafe en poudre et le grincement des chaises, l'odeur des arbres dans le parc tout proche, les vagues de froid si tardives, les reflets du soleil sur la fenetre quand le president me parle, je connais leurs dealers, leurs sous-dealers, les vendeurs, les managers; je connais leur concurrents, leurs agences dans les autres villes, je connais la structure et je connais l'emploi du temps;
Je connais mes concurrents, les nouveaux arrivants et les traitres qui ont change de compagnie, ceux qui ne sont pas encore la, je connais leur strategie, leurs cadeaux, leurs invites, leurs concurrents; les fautes d'orthographe sur leur catalogue et la figure des modeles sur leur catalogue;
Je connais les docteurs, partout des docteurs, histoires qui s'ecrivent en filigranne, des rencontres et des dejeuners, des diners et des chansons, des sensibles et des injustes, des jeunes et des doctes, je connais leurs maitres japonais, leurs cliniques, j'assiste a leurs reunion, je rencontre leurs nurses, leurs managers, leurs clubs, leurs patientes, celles qui attendent dans un coin, concentrees proches d'une operation des yeux ou des mandibules, celle qui rient entre elles, ceux qui viennent avec des pansements et des grosses lunettes noire controler la cicatrisation de leur implant, les pretentieuses et les discretes, les etudiantes et les femmes agees;
je connais les chinois tous les ans qui viennent assister au meme congres, qui ont encore mes photos de l'annee derniere, je les connais tant que mes sourires me font mal a force de photos, les directeurs export les vrais medecins les industriels deguises venus se faufiler comme intermediaire, les organisateurs, les touristes ceux qui assistent aux conferences et ceux (celles) qui partent faire du shopping;
Je connais ceux dont j'ai oublie le nom et qui viennent me saluer le temps d'un sourire, d'un rappel du passe, d'une poignee de main ou d'un echange de cartes de viste, ceux qui s'habillent pareil et ceux qui on tle regard bas;
Je connais les hotels, les bars, les restaurants, les temples, les palais, les musees, le kimchi enfoui dans les grandes jarres sous terre pres des temples en novembre et qu'on mangera l'annee prochaine, le bulgogi le souju, le chef qui prepare les omelettes au petit dejeuner, le prepose aux plantes et le valet de parking, les verres de sake qui glissent dans les verres de biere, les serveuses aimables et celles qui vous toisent, j'aime les curieuses cheminees qui tombent sur votre table, les marmites d'oeufs de poisson epice, les cotes de porc mijotees aux legumes, les steaks sur plaque chauffante et la sauce a la moutarde, les sashimis de raie; les danses traditionnelles et les ballerines, les gongs, les branches d'arbre et les cerisiers en fleurs; dans les rues en fleurs je reconnais les ecriteaux, la couleur des briques l'odeur des fumees, les lignes enigmatiques des fils electriques pendus charnus a des poteaux en bois, un peu partout, les neons lumineux en spirale qui annoncent les coiffeurs et les salons d'esthetique, les steak-houses et les bars a biere, les allemands, les coreens, les americains, je pense aux statues millenaires enfouies au coeur du parc, aux grandes tours avec leurs gardiens, leur linge qui pend dans les verandas, leurs vitres fumees, leurs marches en marbre et leurs barrieres a l'entree, je me rappelle la couleur des lampadaires la nuit, les echoppes illuminees, les GS24 les 7/11, les Hyundai et parfois les Kia, les Equus, les taxis de luxe et les taxis pas chers, les 2400 Won la premiere minute et les karaokes clignotants dans les voitures aux pots d'echappements trafiques; je bois des Cass, des Cafri des Tiger du whisky coreen des bouteilles fraiches sur lesquelles on appuie le pouce pour voir si la grenouille-qui-montre-que-c-est-un-original va apparaitre; je joue au billlard avec des boules rouge et blanches, je fume des cigarettes 88 en ecoutant des histoires du service militaire de 26 mois, je regarde les bateaux couler, le balais des soldats sur la DMZ, la frontiere avec le Nord, je chante les chansons de Rain et je regarde les series qui s'exportent dans toute l'Asie, je dechiffre ca et la des caracteres chinois 路程;
Je connais les souvenirs de l'interieur des terres et de ceux que j'ai rencontres mais qui ne sont plus la, je reve aux larges baies illuminees au sud, a Pusan, aux grandes anses desertes que viennent cajoler les premiers rayons du soleil le matin, quand il fait froid, avant de reprendre l'avion, je vois encore les brumes dans la foret et les herons qui traversent les marais, survolent les digues grisent quand l'aube rosit, les rivieres sinueuses et les promenades que suivent les familles le dimanche, sur l'herbe, avec le gazouillis des enfants et les cornes des bateaux, je vois encore les conducteurs a l'emporte piece, les cadrans qui s'affolent, les diners assis en tailleur sur des tables en bois, les miroirs, le stade olympique les facades aux aretes tranchantes le beton les carreaux, les rencontres d'un jour et les discussions inabouties;

tout cela s'est grave dans mon coeur, au fur et a mesure des visites, a coup de gobelets d'insectes dans un jus fumant noir et de parcs d'attraction vaguement desaffectes, de petites folies et d'ennui de temps en temps, de sourires complices et de traductions douteuses, de galeres en commun et de detente meritee, c'est un peu ma vie, c'est comme si j'avais toujours ete la, dans le labyrinthe de la ville, sur les collines et dans les metro, avec les japonais et avec les americains aussi, a chaque fois ca recommence, comme si ca n'avait jamais arrete, les discussions se renouent et se suspendent, d'un jour a l'autre, d'un mois a l'autre, dans les congres et pendant les visites;

4 jours passes et deja je rentre a Taiwan, ou c'est la meme histoire, je rentre chez moi, meme pas 4 jours, et puis la Thailande, ou c'est la meme histoire, et puis le Japon, ou c'est la meme histoire, et puis la Malaisie, ou c'est la meme histoire, et puis la Chine, ou c'est la meme histoire, et puis quoi encore? Hong-Kong? Singapour? L'Indonesie? Les Philippines? Un peu, oui. Et les aeroports, un monde a part, Cathay Pacific, une autre maison, une autre vie.

C'est comme si j'habitais un peu partout a la fois, des vies et des histoires paralleles entrecroisees, sans but sur les chemins, toujours ici et toujours ailleurs, avec cette image du monde qui tourne et des grands espaces entre les gens, les lieux , la realite faite de grands trous, de mondes qui apparaissent et disparaissent, la vie d'avant qui brille, doucement, tendrement, avec du givre a la fenetre, quand je regarde dehors, au detour d'une melodie. Un jour, cette histoire va se refermer, une vie va reprendre, et comment se souvenir, et comment redonner vie a tout ce vide et a toute cette richesse?

Jeon, Choi, Park, Kim, Lee, Kim, Ahn, vous dont je decouvre la vie, vous dont l'anglais progresse et qui m'avez montre votre pays, frere, amis, ou juste collegues, je ne vous oublierai pas.

Mais ce pays n'est pas le mien, cette vie n'est pas la mienne; l'espace de quelques jours, ils sont revenus, intacts, purs, reels, quotidien si normal et monde si concret. Et puis, demain, une autre vie, comment t'expliquer pourquoi ca fait toujours si peur, de rentrer?
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