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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 15:58
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Même en leur sein, les corps compacts rejettent tout objet étranger. Internet encapsule les documents "réels" dans des PDF, le corps construit des capsules pour les implants mamaires, et même l'avion, par -60°, où je suis en ce moment, daigne me protéger de l'atmosphère irréspirable par une fine couche de métal.

Dans toutes ces discontinuités, j'aime me promener, et tracer des chemins, à la recherche de saxifrages. Le monde, à certains endroits possède les lieux de ma mémoire, des carrés d'espace bétonnés délimités par la capsule du souvenir. Dans ces lieux, il m'arrive de me rendre, je succombe parfois à leur charme. C'est très curieux; je me demande: "comment ai-je pu être heureux ici?". Et pourquoi pas ailleurs? Etait-ce vraiment là? Les carrés de béton se ressemblent tous. Tous ceux où j'ai été heureux, routes plissées, béton anonyme. Souvent, je ne sais même plus quand cela a été, ni pourquoi. Je me souviens, simplement.

Entre ces différents lieux, le mouvement me promène. Ce sont des cercles de plus en plus larges, ils s'éclairent mutuellement, et je dois les suivre, parfois réticent, parfois surpris de me souvenir encore. Les mêmes lieux m'appellent, mais toujours d'infimes variations me conduisent auter part, de nouvelles expériences, par hasard, surgissent, et me repoussent dans d'autres cercles. La liberté semble encerclée avec la plus stricte exigence.

Je me déplace, sous le regard de personne, mais selon le schéma des films anciens, quand les plans serrés répondaient au dessin de leur arrière plan.  Je regardais récemment Blow up, et il me semblait que l'histoire, au lieu de suivre une quelconque logique, s'axait autour des mouvements de la caméra, construits autour des décors de l'arrière-plan, le mouvement du sentier dans un jardin, la forme des poutres dans un appartement, le  bon vouloir du réalisateur dans le travelling d'un magasin d'antiquités.

Mais la liberté continue de fuir, liberté incompréhensible, liberté contrainte, liberté nécessaire aussi. Parfois elle n'est que latente, mais il arrive aussi que, bien qu'elle ne se réalise pas, j'en sente la possibilité toute proche, inaccomplie, et cela m'énerve. J'aimerais toujours que les possibilités que j'entrevois se réalisent!
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commentaires

M
aaah, c horrible à chaque fois que je tombe sur cette photo ca me fait le même effet. bizarre non. on devrait interdire aux mannequins de nepas souffrir. c inhumain.
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B
En même temps, si les mannequins ne peuvent plus ne pas souffrir, qui le fera à leur place?Mais, sensible à ton argument, j'ai décidé que ce mannequi s'appellerait désormais Léa, et qu'il existerait.C'est mieux comme ça?
M
C'est désespérant de se dire qu'elle devrait avoir froid. Mais elle ne semble pas avoir froid. J'ai presque envie de lui crier : "Aies froid, que ton nez rougisse, que tes membres grelottent et tes poils se hérissent" Mais c'est bête c'est une représentation de représentation, et pourtant elle est là, vide mais là, toujours LA. Il y a plus de vie dans sa robe aue dans son corps. Je crois que c'est cela qui dérange : d'ordinaire les mannequins ne choquent pas car ils sont parfaitement immobilies, eux et leurs vêtements. Là c'est choquant, du mouvement et du vide ca ne devrait pas aller ensemble.
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B
MI en chaman et démiurge! Une vision intéressante lol :)Du mouvement et du vide, c'est un peu ma vie en ce moment, dommage que ça n'aille pas ensemble.Pourtant, le mouvement aide à trouver le vide, dans le mannequin comme en vrai: encore faut-il avoir une raison de le chercher...
B
L'image est là, cinq paragraphes, la liberté des sentiments.Et cette difficulté des souvenirs qui bougent, s' amusent à te tirer vers les lieux que tu tentes de suivre.Cette liberté là n'est pas toujours exogène, rien n'est pire que d'être enchaîné à sa liberté.Il faut simplement un peu de temps, du temps seulement, c'est ce qui est le plus rare.AmitiésBill
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B
Bon, merci pour tes encouragements...je contemple le temps avec quelques doutes, en ce moment!