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17 septembre 2007 1 17 /09 /septembre /2007 18:25
Sous la lumière douce, le roi de Bavière fou parcourt son royaume à la recherche du sens, dans un grand silence. La tâche l'absorbe, sa couronne vacille; il n'y prend garde, contemple sans trève les églises ensoleillées, va s'abreuver aux fontaines, avance, recule, s'allonge dans l'herbe.
Il cherche une trève à  sa tâche, toujours la même, vivre parmi les conseillers, les gens, répondre, être observé.

Le roi de Bavière fou aime le cimetière touffu où les pierres, après avoir longtemps lutté, ont rompu et cédé aux lianes. Insensibles  aux corps exposés dans la terre, invincible, la végétation plonge à travers les pierres dans le coeur des hommes reposant là, nus, sans volonté, et s'y abreuve puissamment par un jet minéral.
Le roi voit les arbustes boire la pierre des coeurs, il regarde chaque jour les feuilles nouvelles et vertes, à l'ombre des grands arbres; il scrute les feux follets, on lui a dit qu'ils existaient, mais comment savoir.
Un jour, les murs  de brique du cimetière ont s'effondrer, mais le roi aime cet endroit. L'homme et la nature y assurent une transition paisible, les corps sont puisés, exténués, et les baroques tombes jadis superbes s'effacent   sous la jungle  invincible.
Le roi contemple les pierres, fondues comme par le gel en étoiles, jamais encore il n'avait compris la vieillesse des pierres, elles sont pour lui comme la mort morte une deuxième fois, c'est-à-dire comme l'oubli.IMGP2709.JPG

A force de contempler, il en oublie de raconter, il se demande bien à quoi ça sert, les mots nagent comme des habits trop grands autour de simples objets, les fleurs, l'herbe, le soleil, les ruisseaux.

Quelque part au centre de son royaume, le vrai roi de la forêt se tapit, et regarde, lui aussi, le monde dans un miroir. Il n'a pas d'attributs, on ne le voit pas, et il ne cherche pas à émerger. Le roi de Bavière fou se lamente, quand la contemplation ne le hante pas, d'avoir les attributs d'un roi sans parvenir à l'être - ses conseillers lui disent qu'il est en devenir - mais il les fuit, il cherche le vrai roi de la forêt, il parcourt les bois.

Combien de temps
ce rêve durera-t-il encore? Le long des tombes, les arbres s'élancent vers le ciel.
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9 septembre 2007 7 09 /09 /septembre /2007 11:31
Salzburg-au-cr--puscule.JPG

Corps en étoile,
visage en rêve;
tu dors,
et le monde passe.

Corps étoilé,
tu dors
au coin du  monde;
tu souris.

Un autre coin du monde,
je dors:
mes rêves
s'érodent.

Tu vis,
tu t'effrites,
dans mon rêve.
Mais les collines,
partout dans le monde,
résistent

à la gravité
qui leste mon corps,
au sommeil
comme tes cheveux
- rigoles
noir cauchemar -

La paille fume sous tes cheveux
Les collines s'effritent, graves,
L'été fauche les rêves mûrs,
Des stries sur ton visage,
peu profondes,
à ton réveil.
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23 juillet 2007 1 23 /07 /juillet /2007 16:12
Eglise-au-cr--puscule.JPG


Une poussière d'âme, tendre et friable,  flotte sur la route.

Eclose dans les rêves
Dans les gloires des nuages
En rayons drus et obliques, dorés

Eclose dans la douleur
Parmi les larmes et les corps repliés
Comme la sciure échappée de noeuds de cordes rapées

Eclose dans les traces de l'avenir
Aux commissures des yeux, quand la vie sourit
Comme une poussière de rêve, dorée

Eclose au matin
Entre le duvet et la rosée,
Au contact de la terre frémissante

de vie,

Eclose sous la pluie
comme les gouttes qui meurent au sol
Mais rebondissent d'un claquement rond

Eclose en Amérique
sur les grandes routes poussiéreuses
aux accents de chewing gum à paillettes

Eclose au soleil
accrochée aux pétales des pissenlits
en réseaux tissés argentés, majestueux.

A travers les particules de l'âme:
lumière
liberté
sourires
attirent les ombres et repoussent
oui,
le désespoir 

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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 20:46
DSC00295.JPG

La musique qui va avec: Stereo MC's, Deep, down and Dirty

D’un sourire déjà vu

Dans la rue

S’échappe un monde parallèle

Volatil.

Ephémère.

Subtil.

Un rêve de cendres.

 

La pluie sur mon cou nu

Ruisselle.

 

Pendant ce temps l’ennui s’accélère, s’accélère, s’accélère, s’accélère.

Des mots freinent et s’étendent. Ennui, toujours.

 

Des dessins enchevêtrés parcourent ma tête

Je les retranscris sur du papier blanc, vide.

Ils se retrouvent encore enchevêtrés.

 

Et puis les autres continuent à bouger,

Mais ils ne font pas de bruit.

Où sont-ils allés ?

Où ?

 

Les phrases siphonnées disparaissent

Mais la peur reflue et le jour revient

Un jour d’orage à Hambourg.

Les vacances, l’été, bientôt. J’ai envie de courir partout, d’être ailleurs.

Tête dépitée ; on ne se comprend pas :

Autre langue, autres habitudes.

 

Revers de fortunes, parodie, vague persistante.

En avant, en arrière, les mêmes souvenirs

Toujours viennent

Interférer, obscurcir, tordre l’espace,

Créent des raccourcis vers d’autres personnes

Des liens invisibles de ressemblance, des accords,

La musique, aussi, inconsciente, joue.

 

Dans un monde de correspondances

De dupes inconscients

Une vision danse

Mord de toutes ses dents

Astra mon cœur lesté d’une ancre sur fond brun

Dans les rues du port vidé de sa sueur au matin

 

La danse de mort détruisit les énergies des fêtards, ce soir.

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14 juillet 2007 6 14 /07 /juillet /2007 09:32
The-Cafe-Terrace-on-the-Place-du-Forum-Arles-at-Night.jpg

[Exceptionnellement je mets une image qui n'est pas de moi, mais sinon on ne comprend rien au texte, et je n'ai pas de photo pertinente sur ce sujet]

Sur la place, la lumière commence d'apparaître, des guirlandes et des lampadaires perdus dans le feuillage, en douceur, constellent la chaleur qui tombe peu à peu. Les mouches de la nuit.
La lumière qui tombe peu à peu lutte encore contre l'artificielle; la lumière du jour qui tombe peu à peu baigne les objets alentours d'une bonté venue du ciel, lampadaires et lumignons n'éclairent qu'eux.
Dans les vases, les fleurs gorgées de chaleur s'affaissent, opulentes de parfum. Dans les vases, les fleurs gorgées de chaleur exhalent leurs parfums, fourbues, elles inclinent leur opulence parfumée; la brise venue de la mer pénètre leur coeur en silence.

Le bois qui les entoure rassure les convives attardés. Des rambardes minérales prolongent des troncs tortueux.

Le café règne dans une épaisseur de fin de printemps; par la brise venue de la mer, la chaleur se fait douce. L'air est encore, malgré l'heure avancée, clair. Le Nord seul saît produire ces crépuscules en forme de suspension. Chacun, discrètement, retient un fragment de  sa pensée pour la nuit qui n'en finit pas d'arriver. Les lourdes odeurs persistent dans l'atmosphère bien après la tombée du soleil. Ce sont les fantômes du jour, et leurs cadavres brûlent dans l'air, rappelent les uns à leurs succès, les autres aux épreuves qu'ils viennent fuir.

Il me semble que tous attendent la nuit, le repos du jour, l'oubli sans heurt de la façade qui nous habille sous la lumière. Les gestes, dans l'obscurité, commencent à s'affranchir, les corps se rapprochent, éventuellement. La nuit, peut-être, le mouvement se fait plus visible, car les masses, les surfaces, disparaissent (n'étant plus absorbées).

Des sourires surpris, entre les plantes, sous le bois noir (le bois noir boit  les déboires), le local hésite entre son espace limité, sombre, abrité, et la place où il s'étend sous les arbres, autour des lumières. La première bougie répand d'invisibles vapeurs sour l'assiette où reste, négligé, un piment vert acide et épicé.

Pendant ce temps, je pense:
Qui offre toute son âme sur son visage sans rien conserver en échange qui dit tout et demande du temps.
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25 juin 2007 1 25 /06 /juin /2007 18:15
IMGP2947bis.JPG
[Descriptif]
La voix du spectre résonne dans l'espace. Elle attire à elle des milliers de corps.

[Partie technique]
La technique me fait sourire, à vrai dire, je l'appellerai  litanie convergente, beaucoup de musiciens jouent des airs répétitifs et non concordants pour, peu à peu, arriver à l'unisson. C'est très chouette! A cela s'ajoute plusieurs lignes de basse, dont certaines avec des instruments sans doute traditionnels, qui permettent de dissocier le rythme de fond, et enfin une chanteuse rouge du plus bel effet.

[Ressenti]
La voix du spectre condense l'énergie et se fait lumière. Les ténèbres hésitantes lui fraient à grand peine un passage, mais la voix, repoussée par la résistance de l'air, se fait dôme d'énergie et puise en elle les ressources pour exploser et briller enfin, dans un vacarme longtemps attendu.
Face à cette voix, la masse des corps rassemblés frémit, elle attend un signe pour enfler, elle murmure et s'étire, aux aguets. La masse des corps rassemblés bouge, elle se fait aussi plus compacte, presque minérale. La pluie la polit quand la boue l'encercle, des yeux, parfois, se tournent vers le ciel, dans l'attente de l'explosion de la voix, ou par naïveté et fatigue, ce n'est pas clair.

Au dessus de la foule, un oeil articulé scrute les corps et les expressions, plane guidé par son maître le long des corps qui dansent, fixe des détails, rappelle à la foule qu'elle est foule. Le serpent articulé tourne en rond comme les litanies, mais son mouvement mécanique est invariant. La grâce habite son maître, dont les mouvements lents suivent la basse qui joue derrière la voix du spectre dans l'obscurité qui lutte avec la voix.

Le ciel demeure silencieux; les nuages passent, et l'horizon au dessus des têtes que regardent des visages, majestueux, laisse traîner de fins nuages qui rasent l'espace et délaissent la voix, car ils doivent se hâter, lourds de pluie, vers des cieux plus gorgés de soleil.

Enfin, la chanteuse rouge semble l'âme temporaire du spectre, comme une flamme vacillante elle jette sa mélopée puis se tait, rentre en elle et joue de la basse antique son air qui nous envoûte, nous la masse des corps encerclés par la voix du spectre de la basse de la chanteuse rouge en Allemagne près de la scène où le concert s'achève, enfin.
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22 juin 2007 5 22 /06 /juin /2007 02:10
Blanc.JPG
Blanc comme ce que je voudrais crier ce soir, c'est-à-dire pas grand chose.
Blanc comme la consistance du silence quand personne ne comprend ce que vous voulez dire.
Blanc comme le grand manteau de l'hiver qui reviendra, peut être.
Blanc au milieu du drapeau.
Blanc comme neige, blanc comme les souvenirs qui ne s'oublient pas
et blanc comme un rêve de coton.
Blanc, aussi, couleur insensible, monstrueuse, mélange informe du spectre où tout est possible.
Blanc, blanc, blanc.
Blanc comme l'espace d ela mémoire après la pluie, quand la terre sent bon.
Blanc au crépuscule, où tout d'un coup la lumière rose du soleil fait apparaître une couleur invisible.
Blanc comme le chevalier inutile, méprisé, envisagé.

En un mot, blanc comme la nuit.
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20 juin 2007 3 20 /06 /juin /2007 23:11
Eggenberg.JPG
Décor installé, chacun dans sa loge, nous assistons au jeu de l'existence. A l'ombre  ou à la lumière,  au choix du tempérament, se déroule sous nos consciences un jeu impitoyable, dans lequel  tout porte à croire que nous avançons masqués.
Les bouffons, les troubadours, les aventuriers, les princes, les nobles, les snobs, les gueux s'entrechoquent.
Sous la lumière douce de début d'été, chacun tient son rôle, serré. Nous nous regardons les uns  les autres, essayons de déceler de factices différences, d'oublier notre sort commun de vagabonds, mais rien n'y fait,  mais le spectacle continue!
On croit, parfois, pouvoir s'échapper. La campagne, loin du monde, nous promet ses splendeurs; et puis, non, tout recommence, le divin jeu reprend, avec les vaches, les canards, et les sangliers en plus. On désespère, on se refait.

Comme toujours, des visages défilent devant mes yeux. Je les vois passer, insensible. La courbe du moment ralentit, par endroits, je voudrais toucher une nuque, effleurer un profil...pas le temps! Il faut repartir, s'arc-bouter contre le mur des injustices, crier, frémir, lutter, notre être tout entier s'y absorbe, sur la scène du lundi au vendredi, et puis c'est le repos à nouveau. Mais pas pour tout le monde. Oh noooooon.

Il y en a, il paraît, qui prennent le train, qui voyagent, qui planent dans leurs souvenirs, il y en a qui rêvent, qui racontent des histoires, et il y en a qui sont là, inertes, usés du spectacle, rassasiés avant l"heure. Pourtant, ils repartent aussi, car on ne traîne pas, il faut continuer, enchaîner, déplacer. Sourire. Amenuiser, paradigmer, enrouler, scotcher, malléer, recréer.

Y aura-t-il une fin, et qui sont les suivants? Je lance ce message dans l'inconnu du hasard, je ne suis pas sûr qu'il veuille dire quelque chose, mais on verra bien, enfin. Les lettres s'amoncellent parce que le bruit des touches en train de se faire taper à une cadence soutenue est plus intéressant que le bruit des touches en attente de transcription d'une éventuelle réflexion, laquelle nécessite prudence, tact, mesure, toutes choses incompatibles avec le joli bruit des touches sur le clavier plat.
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8 mai 2007 2 08 /05 /mai /2007 22:18
Schwarzer-Virgo.JPG
Une vierge noire,
Un enfant lumière;
elle le serre
et sourit
dans ses plis
raidis.
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30 avril 2007 1 30 /04 /avril /2007 17:08
Bulbe----id--e.JPG

La lumière s'épuise.
L'électricité embrase les fils de métal.
Les travailleurs invisibles laissent filtrer leur dernière incandescence.

Mais laissons là les faibles ampoules à l'agonie, et regardons dehors, sous le ciel, les étoiles. La lumière baigne la nuit. Les étoiles regardent la lune, et nous regardons leur spectacle. Nuit du Nord si claire, calme, traversée par des brises d'air tiède. Les odeurs flottent, comme portées par l'obscurité.  Les grandes rues vides se délacent sous la caresse des rayons laiteux. Rien ne s'oppose plus au mouvement, on se déplace vite, sans entrave, le sourire au lèvres. La nuit arase les quartiers, les différences, se joue de l'ombre des grands arbres au bord des canaux, se multiplie sur l'eau, sillonne vers on ne sait où. Sa beauté attire, on se perd auprès d'elle. On la suit, ses méandres.

Peu à peu les yeux s'habituent, la nuit devient dense dans sa robe voilée d'obscurité et de clarté, le silence se fait musique, repos, la douceur de l'air étouffe les bruits comme un tapis de fleurs. Les pétales volent en portant les parfums des cerisiers.

Sous le ciel paisible, la rumeur du Kiez se fait sentir, on sent les tremblements de fêtards mêlés à la basse du port, les grues en mouvement permanent. Quelques mouettes cyniques vont et viennent ente deux espaces.

Les quartiers vivent une liaison secrète dans la bière, Astra des fêtards, quartier rouge, Astra des travailleurs, ancre en forme de coeur, marins au coeur bleui. Les forces s'épuisent dans la bière, les filaments des lumignons du Clochard attendent dans une souffrance de chair l'aube qui ne tardera plus.

Et il semble que depuis des siècles tout s'est toujours mêlé ainsi, des fêtards et des marins, des bordels et des théâtres, sans discontinuer. La lune prend ci et là sa forme cruelle, couleur d'acier, et les poissons se font découper, charcuter et massacrer, au fond des filets, ils passent sur le marché, se transforment en Fischbrötchen. Aigre odeur du vinaigre, des cornichons, des oignons. L'acidité du poisson répond à celle des muscles.

La fête bat son plein, timidement, on investit aussi les entrepôts désaffectés, la musique agressive supplante la voix enrouée des grues. La lune laisse faire-elle éclaire les visages fatigués, comme un rappel du temps qui passe. Rides d'excès, de bonheur, brin de folie.

Abandonnés, jaloux, les grands immeubles résistent, lancent leurs néons inhumains, mais les slogans s'effacent devant la lune, sous la brise, dans l'inconscience de l'alcool. Ils voudraient prétendre à l'éternité, mais la fatigue de la fête les rattrape, les fige, leur donne des paupières. La fête des bas quartiers pèse sur eux, inexorablement, elle les rabaisse, les humilie, nivelle tout et dérobe pour elle la lumière.

On n'en peut plus, la lune a déjà tourné beaucoup, l'Aube approche, Electre, ô Electre, les membres fatigués et la tête vide, la brise tiède, les grands espaces s'offrent à nous, encore, toujours, à perte de vue. Les grandes sirènes du port scellent leur alliance aux armateurs, s'unissent aux marins, embrasent de désir les voiliers, tissent des filets de mort.

La lumière s'épuise, mais épure nos sentiments; à nouveau, l'avenir se dessine, les ombres délicates vont reprendre leur place, nous inviter à la nuit, et nous pourrons rêver tout le jour, à un autre monde, plus libre, plus égal, plus fraternel.

La lumière meurt, dans un claquement sec, le travail reprend.
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